Mobilier Collections
Mobilier
Reflet d’une politique continue d’acquisitions, la collection comprend aussi bien des sièges de série et des meubles d’apparat d’origine royale, datant du Consulat et du premier Empire, que de prestigieux ensembles commandés aux grands créateurs du XXème siècle. Il convient aujourd’hui d’y ajouter les prototypes réalisés par l’Atelier de Recherche et de Création.
XVIIe et XVIIIe siècles
Le fonds mobilier antérieur aux ventes de la Révolution n’est certes plus ce qu’il était avant 1793, mais il présente encore de beaux vestiges, dont la présence s’explique par l’histoire des collections.
En ce qui concerne l’art du menuisier, l’ancien mobilier de la Couronne contient des lits de belle facture ainsi que des sièges de série pas ou peu sculptés regroupés dans un « musée du siège » qu’abrite le Mobilier national. Se rencontrent des ensembles modestes mais élégants, évoquant les antichambres des anciennes résidences royales : fauteuils et canapé de Calonne, ministre de Louis XVI, chaises de salle à manger avec les étiquettes du peintre-doreur Chatard, ou encore les estampilles de Foliot, Boulard et Sené. Certains, plus richement sculptés et dorés, comme ces quatre fauteuils des cabinets intérieurs du comte d’Artois à Versailles réalisés par Nadal en 1775, côtoient des sièges conçus par Jacob pour le comte de Vaudreuil et rachetés par la Couronne, qui sont parmi les plus équilibrés de ceux produits sous le règne de Louis XVI.
En ébénisterie, la Révolution ayant eu grand besoin de bureaux plats et de secrétaires à cylindre, il reste dans les collections un nombre important de beaux bureaux des trois grands règnes bourboniens. Les anciens grands ministères ont également fourni en abondance le Mobilier national. Le ministère de la Défense en 1934, avec un ensemble de meubles, de sièges et de bronzes, ainsi que le prestigieux ministère des Affaires étrangères. Parmi les collections du Mobilier national, on devra également être à même d’identifier l’ameublement du château de Bellevue et celui des ministères de l’Ancien Régime.
Il ne faut pas perdre de vue toutefois que le Mobilier national a continué d’enrichir ses collections de meubles antérieurs à 1800 par des achats et des dons, faisant entrer ainsi des pièces de qualité élyséenne.
XIXe siècle
Jusqu’en 1870, tous les souverains procédèrent à de nombreuses commandes pour aménager leurs diverses résidences, particulièrement Napoléon Ier, qui dut remeubler entièrement les anciens palais et châteaux royaux dépouillés lors de la Révolution. Le fonds du Mobilier national est le reflet de cette politique d’acquisition et les pièces de cette époque, bien que de qualité inégale, constituent encore l’un des points forts des collections.
On y trouve aussi bien de simples sièges en bois peint commandés en série par Napoléon Ier que le lit de parade de Caroline Murat à l’Élysée ; de modestes commodes en noyer voisinent avec le mobilier de la salle du trône aménagée pour Louis XVIII au palais des Tuileries. Plusieurs meubles destinés aux fils de Louis-Philippe, à l’impératrice Eugénie ou au prince Jérôme-Napoléon illustrent le milieu du siècle. Ces pièces donnent, par leur diversité, une bonne idée de l’évolution du goût au XIXe siècle, même si les ensembles en loupe de frêne marquetée d’amarante, en vogue sous le règne de Charles X, sont en assez petit nombre.
La IIIe République vivra sur ce patrimoine pendant les trente dernières années du siècle et ne procédera que ponctuellement à des achats d’envergure : sièges et meubles de bois doré pour la salle des fêtes et la salle à manger du palais de l’Élysée, sobre mobilier de style Louis XVI en bois peint pour le bureau du président Félix Faure dans cette même résidence. On doit regretter en particulier l’absence quasi-totale de mobilier Art Nouveau, style jugé sans doute peu compatible avec les décors existants, voire avec la dignité de l’administration, à moins que l’on ait tout simplement estimé que les pièces en service ou disponibles étaient suffisantes, ce qui dispensait d’en acquérir de nouvelles.
XXe siècle
Alors que l’Art nouveau se répandait en Europe, la République, encore installée dans les décors de la fin du XIXe siècle, ignorait ce courant stylistique, qui est de ce fait peu représenté dans les collections. Il faudra attendre 1917 pour que le Mobilier national et les Manufactures renouent avec l'innovation en constituant une collection magistrale de bois de sièges modernes commandés aux créateurs en vogue et destinés à être garnis de tapisseries tissées à Beauvais : mobilier présenté en écho avec l'achat de pièces majeures en vue de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925...
Lors de l’Exposition internationale de 1937, le Mobilier national acquiert plusieurs centaines de meubles et d’objets d’art afin d’augmenter et de renouveler les collections.
Pendant l’Occupation, de nombreux meubles sont commandés pour alimenter les ateliers parisiens et éviter ainsi le départ d’ouvriers pour le STO (service du travail obligatoire).
Après la Libération, le Mobilier national participe à la politique de reconstruction grâce à de nombreuses commandes, destinées principalement aux résidences présidentielles. Elles permettent d’enrichir la collection de nombreuses créations d’André Arbus, de Gilbert Poillerat, Dominique, Jules Leleu, Marc Du Plantier, Charles Adnet, Colette Guéden, Louis Sognot, etc.
La fondation de l’Atelier de Recherche et de Création (ARC) en 1964 n’a pas mis fin à cette politique d’achats. Aux côtés des 600 pièces élaborées par les artisans d’art du Mobilier national d'après des études de designers, les collections se sont enrichies d'achats d'éditions et de créations en série limitée de designers français et internationaux tels que Philippe Starck, Éric Jourdan, Jasper Morrison, Patricia Urquiola ou encore Marcel Wanders.