Le Puy-en-Velay Atelier de dentelle

La technique

La dentelle du Puy est réalisée à l’aide de fuseaux. Le fuseau, petit instrument en bois de forme allongée, est constitué de trois parties : la tête qui retient la boucle du fil, la bobine autour de laquelle est enroulée la réserve de fil et le manche qui permet son maniement.

La dentellière entrelace et croise les fuseaux pour former les points en suivant le tracé du modèle. Les points sont stabilisés à l’aide d'épingles enfoncées sur le carreau. Le carreau est le métier sur lequel travaille la dentellière. Autrefois, il s'agissait d'un coussin muni d’un cylindre, il est aujourd’hui plat et formé de plusieurs carrés qui peuvent être déplacés au gré de l’avancement du travail.

La complexité de la dentelle réside dans la grande diversité des points qui peuvent demander plusieurs centaines de fuseaux. La dentelle peut être à fils continus ou coupés ou encore à pièces rapportées. La réalisation d’une dentelle au fuseau nécessite trois étapes. Il faut tout d’abord faire le modèle à exécuter. Cette opération qui consiste à transposer, sur papier-calque, le projet de l’artiste en dessin technique, s’appelle la mise en carte. Après validation par la réalisation de plusieurs échantillons, ce dessin technique est reporté sur un carton par le piquage de petits trous marquant l’emplacement des épingles, avant d’être reproduit à l’encre. Des signes conventionnels indiquent à la dentellière les points à exécuter, écriture technique propre au langage de ce savoir-faire.

Après la réalisation de la dentelle, en fil de lin, coton, soie, laine, d’or ou d’argent, naturel ou synthétique, vient la finition qui a pour but d’assembler à l’aiguille les dentelles entre elles ou/et sur un tissu.

L’Atelier-conservatoire de la dentelle du Puy-en-Velay

L'Atelier-conservatoire de la dentelle du Puy-en-Velay est crée en 1976. Rattaché à l'administration du Mobilier national, l'établissement est chargé de maintenir et de perpétuer à un niveau d'excellence le savoir-faire de la dentelle aux fuseaux. Les oeuvres réalisées par les dentellières, d'après des modèles d'artistes contemporains, enrichissent les collections nationales et sont placées dans des lieux prestigieux (expositions d'art contemporain, hauts-lieux de la République...) ; elles illustrent la vitalité de l'art de la dentelle au XXIe siècle. 

Pratique populaire dans le Velay depuis le XVIIe siècle, la dentelle aux fuseaux est concurrencée au XIXe siècle par la mise au point des procédés de fabrication de la dentelle mécanique. En parallèle, l'exode rural et les transformations de la société conduisent au début du XXe siècle à une diminution préoccupante de la main d'oeuvre dentellière. 

En réaction, le président de la chambre syndicale du Puy, Pierre Farigoule, crée en 1910 une école intitulée "La dentelle au foyer". Trente ans plus tard, en 1942, Johannès Chaleyé fonde au Puy un "Conservatoire de la dentelle", qui vise à assurer un "pré-apprentissage" de l'art de la dentelle dans les écoles primaires, et à former des ouvrières et des créateurs de modèles originaux. L'initiative s'accompagne de la publication d'une méthode et permet la renaissance de plusieurs foyers d'enseignement dans le département, mais ne survit pas à la mort de son fondateur, en 1960. 

Le flambeau est repris en 1974 avec la création d'un "nouveau conservatoire de la dentelle à la main", aux missions similaires. Cependant, les salaires bas et l'absence de débouchés stables rendent l'économie de la dentelle particulièrement fragile. Pour écarter tout risque de disparition, le président Giscard d'Estaing choisit de créer à côté du conservatoire un "atelier d'Etat" rattaché au Mobilier national. Au nombre d'une petite dizaine, les dentellières, qui ont le statut d'agent public, ont pour mission de perpétuer le savoir-faire de la dentelle aux fuseaux avec un haut degré de qualité. 

Elles partagent cette mission avec l'atelier-conservatoire de la dentelle à l'aiguille d'Alençon, également créé en 1976 et rattaché au Mobilier national.