Les « remeublements » châteaux, musées et monuments historiques

Les « remeublements »

Depuis 1900, le Mobilier national a pour politique d’effectuer d’importants dépôts dans les anciennes résidences de la Couronne, comme le Louvre, Versailles, Fontainebleau, Compiègne, Pau ou Malmaison. Parallèlement, depuis les années 1930, il réalise de nombreux dépôts de meubles et surtout de tapisseries dans les édifices gérés par la Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites (depuis Centre des Monuments nationaux), tels que Chambord, Chaumont-sur-Loire et Azay-le-Rideau.
Depuis 2012, cette politique de « remeublement » s’applique à des monuments de toute nature appartenant aux collectivités publiques. Les meubles concernés ont été restaurés par les ateliers du Mobilier national ou sous son contrôle.

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© Château de Duras

Château de Duras, 2019

Acquis par la Commune de Duras en 1969, inscrit en 1970, le château est classé en 2002. Depuis 2016, le Mobilier national et la commune de Duras collaborent pour remeubler les intérieurs du château de Duras. La thématique retenue découle des époques les plus présentes dans l'architecture de la demeure : Moyen Âge et Grand Siècle. Comme les ducs de Duras gardèrent le château jusqu’à la fin du XIXe siècles, les styles choisis pour le mobilier sont en conséquence le « néo-gothique » et le « Louis XIV ». Ont été remeublés la grande salle des maréchaux, la grande salle à manger, la salle de billard, le salon de compagnie, la petite salle à manger et les deux petites chambres ducales. Deux personnalités marquantes de l'histoire du château sont évoquées : le premier maréchal de Duras, contemporain de Louis XIV et du duc de Saint-Simon, et Claire de Kersaint, duchesse de Duras, amie de Chateaubriand, auteur d’ouvrages remarquables par l’actualité de leurs questions, comme Ourika. De ces dépôts, entièrement dus au Mobilier national, on peut voir notamment une pendule en marqueterie Boulle, des tables marquetées de style Louis XIV, une verdure d'Aubusson du XVIIIe siècle sur le thème de la fable de La Fontaine, "Les Grenouilles demandant un roi", des tapis d'Aubusson d'époque Empire et Restauration, des tapisseries d'Abbeville aux armes de France tissées sous Charles X, un ensemble de sièges de billard néo-gothiques versés au Mobilier national par le Sénat et un ensemble en acajou de style Troubadour contemporain de la duchesse de Duras, ainsi qu’une tapisserie des Gobelins, représentant le siège de Douai où figurent entourant Louis XIV, Turenne et Duras. Des rideaux, lambrequins et portières conformes au goût du temps ont été restitués, en puisant, pour les lambrequins de la grande salle des Maréchaux, dans les dépouilles des fastes de la République en 1900.

Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras
Photo Remeublement Duras

Château de Candé, 2018


En 1972, la propriétaire, Fern Bedaux, lègue le château de Candé à l'État, qui en transfère la propriété au Conseil général d’Indre-et-Loire en 1974. En dépit du souhait de Mme Bedaux que la
demeure serve de résidence présidentielle après son décès, le mobilier de la demeure est transféré au Mobilier national et inscrit sur ses inventaires : en conséquence, les meubles de Candé sont
dispersés et servent à divers ameublements, en particulier ceux des résidences présidentielles (palais de l’Elysée, hôtel de Marigny, fort de Brégançon). Depuis 2014, à la demande du Conseil départemental d'Indre-et-Loire, le Mobilier national remet progressivement en place les meubles qui sont en dépôt, en prenant pour référence un inventaire réalisé à la demande de Charles Bedaux en 1930, après l'achèvement des travaux de rénovation et d'ameublement qu'il avait commandités avec son épouse. Les deux tiers des meubles, retrouvés, ont repris leur place. Parallèlement, les ateliers de tapisserie décor du Mobilier national ont restitué les rideaux de pièces inaugurées en juillet 2018 comme ceux du salon de musique, du petit salon et de la chambre dite « craquelée ». Le Conseil départemental procède à la remise en état de l’orgue (inscrit à l’inventaire du Mobilier national), puis des engins de musculation et de massage, ultramodernes à l'époque (1930), désormais installés dans leur espace d’origine. Le château de Candé est un des rares châteaux à pouvoir retrouver l’ameublement qui le garnissait en 1930.

Photo Remeublement Candé
Photo Remeublement Candé
Photo Remeublement Candé

Château de Chambord, 2013 et 2018

Monument historique depuis 1840, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1981. Le « remeublement » du château de Chambord se base sur le dernier état à la mort du maréchal de Saxe en 1750 et éventuellement sur les inventaires à l’époque de Stanislas Leszczynski. Les dépôts ont été ponctuels, prenant place dans des présentations antérieures. Il faut relever quelques meubles de qualité, comme un bureau Louis XV attribuable à Dubois, un secrétaire portant l’estampille de Joseph Stöckel, ainsi que la présence de sièges provenant du château voisin de La-Motte-Beuvron, constituant un fonds de château typique de ce que l’on trouvait sous Louis XV. Une deuxième phase de dépôt a pris place en 2018 pour l’évocation des créations des pièces de Molière sous Louis XIV, avec deux pieds de table Louis XIV de grande qualité.

Photo Remeublement Chambord

© Château de Chambord


Château d’Azay-le-Rideau, 2012-2017


Depuis 2012, le château a été progressivement remeublé sur la base d’un partenariat scientifique entre le Centre des monuments nationaux et le Mobilier national. En se fondant sur les inventaires de 1854 et de la fin du XIXe siècle (ameublement des marquis de Biencourt), il a été possible de répondre à la demande du CMN de se rapprocher au plus près de ce que l’on sait des aspects des quatre pièces principales du rez-de-chaussée, le Mobilier national a déposé 140 meubles, bronzes et tableaux équivalents à ceux d'origine. Ce dépôt a permis de remeubler l'intégralité du rez de- chaussée (bibliothèque, grand salon, salle à manger, salle de billard) avec des objets des XVIIIe et XIXe siècles. De plus, rideaux, tapis de table, tenture murale du billard et bandeaux de cheminée ont été confectionnés par les ateliers du Mobilier national, en se fondant sur les sources d'archives et les photographies anciennes. C’est un des chantiers pour lequel le Mobilier national a été le plus sollicité en termes d’oeuvres et de personnes. La nouvelle présentation des salles a été inaugurée le 6 juillet 2017.

Photo Remeublement Azay-Le-Rideau
Photo Remeublement Azay-Le-Rideau
Photo Remeublement Azay-Le-Rideau
Photo Remeublement Azay-Le-Rideau
Photo Remeublement Azay-Le-Rideau

Château d’Eu-musée Louis-Philippe, 2017

Inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques en 1983, classé en 1985, le château d’Eu est aussi Musée de France et Maison des Illustres. En janvier et décembre 2017, le Mobilier national a effectué deux importants dépôts au musée Louis-Philippe afin de remeubler la galerie des Guise et le grand salon. Dans la galerie, ce sont des tapisseries de sièges commandées pour la galerie des Guise qui trouvent enfin la place qui leur était destinée. Il s'agit de quatre grands canapés, six fauteuils et douze chaises en bois sculpté et doré, couverts en tapisserie de Beauvais d'après des dessins d'Amédée Couderc et provenant de l'ameublement du Sénat au palais du Luxembourg au XXe siècle. Dans le salon,l'ensemble est un retour à Eu et comprend un canapé, deux bergères, six fauteuils, six chaises, un écran de cheminée et un tabouret de pied, dont les bois sont pour partie du XVIIIe siècle et provenant du garde-meuble du château d'Eu, et partie de l'époque Louis-Philippe. Donné par Louis-Philippe à sa fille la princesse Clémentine d’Orléans, il fut vendu par ses héritiers au Mobilier national qui lui a fait regagné le château d’Eu.

Photo Remeublement Eu
Photo Remeublement Eu
Photo Remeublement Eu

Maison Caillebotte à Yerres, 2017

Maison des Illustres depuis 2012. Site remarquable avec un jardin à l’anglaise, fabriques, potager, communs. Le cas de figure de la maison Caillebotte est semblable à celui d’Hardelot : reprise et création complète de salles d’exposition permanente dans un édifice ancien. Les ateliers du Mobilier national ont répondu à des délais très courts (six mois) pour les interventions sur les meubles et objets d’art du Mobilier national. Quelques documents d’archives, des photographies, mais aussi les tableaux de Gustave Caillebotte ont permis de reconstituer l’atmosphère de cette grande maison bourgeoise du XIXe siècle. Le dépôt du Mobilier national se justifie d’autant que l’État a préempté en vente publique presque tout le mobilier de la chambre de la veuve Biennais, l’orfèvre de l’empereur, qui servit ensuite aux parents Caillebotte, afin de le remettre dans la chambre de l’étage. Sous la Restauration la maison prend son aspect actuel quand elle est entre les mains du restaurateur Frédéric Borel, propriétaire du célèbre restaurant de la rue Montorgeuil, Le Rocher de Cancale. C’est tout un panorama des conceptions mobilières depuis la Restauration jusqu’à la IIIe République qui se développe sous les yeux du visiteur.

Photo Remeublement Maison Caillebotte
Photo Remeublement Maison Caillebotte
Photo Remeublement Maison Caillebotte

Musée Balzac-Château de Saché, 2016

Le château de Saché est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques depuis 1932, classé depuis 1968 ; « Maison des Illustres » depuis 2011. En 2015, le Conseil départemental d’Indre-et-Loire, en partenariat avec le Mobilier national, renouvelle les collections mobilières liées à l'univers balzacien dans le salon et la salle à manger, afin d’évoquer, non pas un ameublement du temps des Margonne, propriétaires du château sous la Restauration et Louis-Philippe, mais certaines descriptions d’intérieurs de La Comédie humaine. Est évoquée l’atmosphère du château de Clochegourde imaginé par Balzac dans Le Lys dans la vallée : table de trictrac, métier à tisser de Mme de Morsauf, rideaux de percale blanche bordés d’un simple galon, housses de siège, cabinet Boulle, chaises Louis XIV en bois sculpté, vases en porcelaine blanche à filets d’or. Là aussi, les ateliers du Mobilier national ont été sollicités afin de restituer housses et rideaux décrits dans le romain de Balzac. Parmi les espaces de reconstitution littéraire, on trouve aussi les intérieurs fictifs de la chambre et de la bibliothèque du Curé de Tours, le boudoir idéal de La Comédie humaine et plus particulièrement de Foedora (La Peau de chagrin) et l’étude des clercs de l'avoué Derville (Le colonel Chabert). Des oeuvres évocatrices de la vie de Balzac viennent compléter la présentation du musée, tel un portrait de la duchesse d’Abrantès.

Photo Remeublement Musée Balzac-Château de Saché
Photo Remeublement Musée Balzac-Château de Saché
Photo Remeublement Musée Balzac-Château de Saché

Château de Sully-sur-Loire, 2015

Le Château de Sully-sur-Loire est classé monument historique depuis 1995, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et « Maison des Illustres ». Cet ameublement trouve sa source dans la volonté de préserver les quatre tapisseries de l’Histoire de Psyché tendues jusqu’alors dans le bureau du président du Tribunal d’Orléans et de les exposer aux yeux du public à Sully-sur-Loire qui possédait déjà des tapisseries sur ce mythe. Ces pièces sont présentées dans la grande salle de Sully. En même temps, le Département du Loiret manifestait le souhait d’enrichir les collections des salles d’exposition permanente avec des pièces de mobilier de valeur. L’appartement, la chambre du duc, le grand salon ont bénéficié de ces dépôts fondés là aussi sur les sources archivistiques du temps des ducs de Sully.

Photo Remeublement Sully-sur-Loire

© Château de Photo Sully-sur-Loire


Château d’Hardelot, 2014

Le parti muséographique des aménagements intérieurs permet à la fois d’évoquer une résidence de la Côte d’Opale sous Napoléon III et les relations franco-britannique dont l’Entente Cordiale. Le Mobilier national a déposé au château d'Hardelot 68 éléments de mobilier. Y figurent notamment une paire de jardinières provenant des collections de la duchesse de Berry, des meubles en palissandre commandés pour le ministère d'État sous Napoléon III et une bibliothèque Second Empire des collections Rotschild, ryue Berryer. Le lot le plus important est une série de dix chaises anglaises, à châssis, datant du XVIIIe siècle. Pour évoquer l'Entente cordiale entre la France et la Grande-Bretagne, ont été déposés : un buste de Napoléon III en marbre par Lefèvre-Daumier, un buste d’Emile Loubet en biscuit de Sèvres, une statuette également en biscuit de Sèvres représentant l'allégorie de la Paix par Alfred Boucher. Pour l’inauguration, des dépôts ont été consentis par le musée du Louvre, le musée de l’Armée et ceux de Boulogne-sur-mer et Saint-Omer.

Photo Remeublement Hardelot
Photo Remeublement Hardelot
Photo Remeublement Hardelot

Château de Chaumont-sur-Loire, 2013-2014

Acquis par la région Centre en 2007, EPCC en 2008, classé au titre des Monuments historiques en 1840, 1937 et 1955, le château de Chaumont-sur-Loire présente un profil similaire à celui d’Azay-le-Rideau : occupants du XIXe siècle disposant de moyens financiers et imprimant leur art de vivre dans l’ameublement, connu par des inventaires et des photographies anciennes. La maison est alors la propriété des Broglie. Le château dispose encore d’un important fonds mobilier laissé à l’État lors de la vente du château en 1905. L’apport du Mobilier national a consisté à valoriser les ameublements de ce fonds par des oeuvres équivalentes ou d’esprit en harmonie avec ceux qui ont disparu (comme dans l’incendie de la bibliothèque en 1954). Par ailleurs, il a été demandé un ameublement pour un salon évoquant le séjour de 1810 et la personnalité de Germaine de Staël.

Photo Remeublement Hardelot
Photo Remeublement Hardelot
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