Détail tapis de Notre-Dame

© Justine Rossignol

La restauration inédite d’une pièce d’excellence

Trois ans après avoir échappé à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, cette pièce textile unique sera restaurée au Mobilier national pendant plusieurs mois à partir du 7 juillet 2022. Cette opération, initiée par la DRAC Île-de-France, entre dans le cadre de la restauration des objets mobiliers de la cathédrale. Pour rappel, la restauration de Notre-Dame de Paris est réalisée sous le contrôle scientifique et technique des équipes de la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Île-de-France, l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale étant lui maître d’ouvrage du chantier de restauration de l’édifice.

Une histoire peu ordinaire

En 1825, Charles X commande à la manufacture de la Savonnerie, alors située au pied de la colline de Chaillot, un tapis pour le choeur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La réalisation du modèle est confiée en 1825 à Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange, le dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. Inspiré par l’art néo-classique, ce dernier représente les symboles de l’Église catholique placés dans des ogives et des châsses.

En septembre 1825, le tissage commence mais il est interrompu par le déménagement de l’atelier en janvier 1826 vers le site des Gobelins. Pour accélérer la production, plusieurs métiers seront utilisés et, en 1833, les différentes parties sont rentrayées. C’est à cette date, qui marque un changement de règne, que les emblèmes avec les fleurs de lys sont supprimés et remplacés par un soleil sur fond vert. Présenté au Louvre en 1838, il sera finalement offert à la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1841 à l’occasion du baptême du petit-fils de Louis-Philippe, le comte de Paris.

Nécessitant 8 à 10 personnes en moyenne pour le déplacer, le tapis de choeur, long de 25 mètres, sera plusieurs fois déroulé pour des événèments marquants. Il est notamment installé en 1980 pour la venue du pape Jean-Paul II. 

Le travail de restauration au Mobilier national

Le Mobilier national est l’héritier de trois manufactures historiques de textile françaises, hauts lieux du tissage d’art : la manufacture de tapisserie des Gobelins, la manufacture de tapisserie de Beauvais et enfin la manufacture de tapis de la Savonnerie.

L’institution a toujours veillé à rester fidèle à ses missions premières - conserver, restaurer, créer - sans jamais cesser d’évoluer, en phase avec les styles, les goûts et les tendances de chaque époque traversée. Au sein du Mobilier national, sept ateliers assurent la restauration des oeuvres textiles (tapis, tapisserie), des pièces de mobilier et des bronzes. L’atelier de restauration de tapis a pour mission principale la préservation des collections de tapis destinés au sol mais également des tentures murales, des couvertures de sièges, des écrans de cheminée et des paravents au point noué. Ses interventions vont de la simple stabilisation sur sites, à la restauration conservation la plus approfondie jusqu’à la réintégration d’éléments disparus mais renseignés.

Patrimoine de l’État, ce tapis est entré en restauration au Mobilier national le 7 juillet 2022. L’objectif est un achèvement des travaux d’ici 2024, en vue de la réouverture de la cathédrale.

À propos de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris
L’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prévu par la loi du 29 juillet 2019, a été créé le 1er décembre 2019. Placé sous la tutelle du ministère de la Culture, il assure la conduite, la coordination et la réalisation des études et des opérations concourant à la conservation et à la restauration de la cathédrale. Il a également pour mission de valoriser le chantier et les métiers et savoir-faire qui y contribuent, notamment par la mise en oeuvre de programmes culturels à vocation pédagogique, en France et à l’international.