Tapisseries Collections

Tapisseries

La collection de tapisseries du Mobilier national, constituée d’environ 1.500 pièces, est l’une des plus importantes au monde.

Mobilier national Tapisserie Pierre Mignard

Pierre Mignard, L’Automne ou le Triomphe de Bacchus et Ariane, tenture de La Galerie de Saint-Cloud, XVIIe siècle. Photo © Mobilier national

Provenant de l’ancien Garde-Meuble royal, acquises plus tardivement ou créées de nos jours, ces œuvres ont été, pour la plupart, tissées dans les ateliers des Gobelins, de Beauvais et d'Aubusson. Les souverains français étant de grands amateurs de tapisseries sous l'Ancien Régime, des tapisseries flamandes, italiennes ou encore anglaise sont venues compléter cette collection exceptionnelle.

Les quelques 4000 pièces conservées au mobilier national ou déposées dans de nombreux lieux du pouvoir, ainsi que dans des musées et châteaux-musées , offrent un panorama exceptionnel de la création de la tapisserie en France de la fin du XVe siècle à nos jours.

Les XVIIe et XVIIIe siècles

Parmi les tapisseries les plus connues, citons celles qui furent tissées par les licers flamands du faubourg Saint-Marcel qu’Henri IV avait fait venir de Bruges et Audenarde dès 1607, comme les tapisseries composant les tentures d’Artémise ou de Coriolan. Louis XIII poursuivit ce mécénat en achetant plusieurs tissages de la Tenture de Constantin d’après les plus grands artistes : Pierre Paul Rubens ou Simon Vouet.

En créant la Manufacture des Gobelins en 1662 et celle de Beauvais en 1664, Colbert entend placer la création de tapisseries en France sous l'autorité du pouvoir royal, diminuer les importations de ces œuvres luxueuses et très coûteuses et encourager la création destinée à exalter la puissance du roi Louis XIV. Charles Le Brun (1619-1690), soutenu par le roi et Colbert, va régner sans partage sur la Manufacture des Gobelins en donnant à tisser ses propres modèles dont la tenture de L’Histoire du Roi, les tentures des Éléments, des Maisons royales et bien sûr d’Alexandre. C’est seulement avec l’arrivée du ministre Louvois (1641-1691) en 1683 que les modèles vont être renouvelés : ce dernier fera tisser son artiste protégé, Pierre Mignard (la Galerie de Saint-Cloud) ou fera copier de grands modèles du XVIe siècle (Le triomphe des Dieux, d’après Giovanni da Udine, les Fructus Belli d’après Jules Romain). Des tapisseries plus décoratives apparaissent à la fin du XVIIe siècle, telles les Portières des Dieux et les Portières des mois grotesques d’après Claude III Audran (1658-1734).

Au XVIIIe siècle, après une brève période de fermeture, les manufactures vont témoigner de refléter l’évolution du goût vers un art plus léger, plus aimable. La littérature, l'opéra et les scènes mythologiques triomphent. Les plus grands peintres (Charles Coypel, Jean Jouvenet, Jean-François de Troy, François Boucher) fournissent des modèles. La manufacture des Gobelins va également tisser des tapisseries destinées à garnir des ensembles mobiliers exceptionnels. On cherche à associer tapisseries, fauteuils et canapés dans un ensemble cohérent. Le tissage se fait alors de plus en plus fin et minutieux et on ne compte pas moins de plusieurs centaines de nuances différentes dans une même tapisserie.

Mobilier national Tapisserie Charles Lebrun
Mobilier national Tapisserie Antoine Caron
Mobilier national Tapisserie Charles LeBrun
Mobilier national Tapisserie Pierre Mignard

Les commandes du XIXe siècle : ornements et grand décor

Après la Révolution française, les manufactures nationales de tapisseries continuent leur activé de création. Pour Napoléon Ier, de grands ensembles décoratifs sont créés afin de meubler les principaux palais impériaux : portières (on appelle ainsi les tapisseries de format vertical destinées à masquer les portes dans les intérieurs), garnitures de fauteuils, d’écrans de cheminée, de paravents ou tapisseries historiées sont mises sur métier. Par la suite, les grands peintres d’histoire seront également traduits en tapisserie : Jean-Auguste Dominique Ingres, Antoine-Jean Gros ou encore François Gérard, mais ce sont les décorateurs et ornemanistes (Dubois, Chenavard, Starcke ou Couder) qui proposent les modèles les plus spectaculaires.

Sous le Second Empire et la Troisième République, les meilleurs peintres décorateurs du courant académique sont sollicités : Ehrmann ou Mazerolle proposent ainsi des modèles pour des tapisseries destinées à prendre place dans des emplacements spécifiques. Les grandes commandes de la troisième République aboutissent au tissage de tentures pour la bibliothèque nationale de France, pour la comédie Française, pour les Archives nationales, le tribunal de commerce ou le palais du Luxembourg, siège du Sénat. C’est un pan entier de la décoration des édifices publics qui est alors renouvelé par la commande de tapisseries aux dimensions parfois exceptionnelles. Cet élan de création s’accompagne d’une réflexion sur la nature même de la tapisserie, œuvre monumentale et décorative, et d’une volonté de renouer avec ce que l’on considère alors comme une période d’âge d’or pour la tapisserie : le Moyen Âge et la Renaissance. Par l’étude des techniques, des couleurs et des sujets des œuvres anciennes, artistes et liciers, à l’image de Jean-Paul Laurens ou de Pierre Victor Galland, cherchent à renouveler la création. On sollicite également des artistes comme Gustave Moreau ou George Rochegrosse qui se distinguent par l’originalité des œuvres qu’ils conçoivent.

XIXe tapisserie beauvais

Photo © Mobilier national, Thibaut Chapotot

Les XXe et XXIe siècles

Malgré les tentatives de renouvellement de la tapisserie initiées par les directeurs Édouard Gerspach et Jules Guiffrey à la fin du XIXe siècle, et les succès rencontrés par des entreprises exceptionnelles comme le tissage de 20 tapisseries pour le parlement de Bretagne, il faut attendre l’arrivée de Gustave Geffroy à la tête de la manufacture des Gobelins en 1905 pour que la production connaisse une nouvelle orientation. Geffroy, ancien critique d’art, est l’un des principaux défenseurs de l’impressionnisme. Il sollicite rapidement des artistes modernes, qui se distinguent des grands peintres décorateurs académiques qui avaient été sollicités par ses prédécesseurs. De nouveaux noms font alors leur apparition : Jules Chéret, Odilon Redon, ou Jean-François Raffaelli. L’arrivée de Jean Ajalbert à la manufacture de Beauvais renouvelle ce dynamisme, et de jeunes artistes sont alors sollicités pour dynamiser la création. Ce sont les premières expériences dans le domaine de la tapisserie de Raoul Dufy ou de Jean Lurçat.

Ce dernier est une figure importante du mouvement que l’on a appelé la « Renaissance de la tapisserie » et qui voit le jour dans les années 1930-1940. Il est né à l’initiative d’artistes comme Jean Lurçat et Marcel Gromaire, d’institutions comme le Mobilier national et l’école nationale des arts décoratifs d’Aubusson ou de galeristes privés comme Marie Cuttoli. Prônant la création d’un langage propre à la tapisserie et se libérant de la peinture, les artistes jouent sur les oppositions chromatiques franches, réduisent le nombre de coloris employés, font revivre des techniques anciennes et osent des audaces plastiques étonnantes : coloris antinaturalistes, conception bi-dimensionnelle de l’espace et vision poétique et onirique sont les maîtres-mots. Ce mouvement de renouvellement de la tapisserie connaît un grand succès jusque dans les années 1950-1960.

Depuis le milieu du XXe siècle, l’art de la tapisserie ne cesse d’offrir un vaste champ d’expression aux artistes majeurs, aux courants et recherches plastiques les plus variés : Picasso, Matisse, Miró, Delaunay, mais aussi aux artistes abstraits (Hartung, Vasarely) non-figuratifs (Nemours, Bazaine), s’inscrivant dans le Minimal Art, le nouveau réalisme (Hains), la figuration narrative (Erro, Aillaud) ou le groupe Supports-Surfaces (Buraglio, Rouan, Pincemin). Plus récemment, Louise Bourgeois, Bertrand Lavier, Sheila Hicks ou Orlan s’illustrent par leurs créations tissées. En perpétuelle évolution, les œuvres créées par les Manufactures nationales sont le reflet des courants les plus divers de l'art contemporain.


Mobilier national Tapisserie Le Corbusier
Mobilier national Tapisserie Mario Prassinos
Mobilier national Tapisserie Raymond Hains
Mobilier national Tapisserie Raymond Hains
Mobilier national Tapisserie Alexander Calder
Mobilier national Tapisserie Sonia Delaunay
Tapisserie George Braque Mobilier national
Mobilier national Tapisserie Pablo Picasso
Mobilier national Tapisserie Bram Van Velde
Mobilier national Tapisserie Joan Miró
Mobilier national Tapisserie Pierre Alechinsky